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de quitter Paris, les deux qui avaient du génie, Vergniaud et Danton. La chose est à peu près certaine pour Danton. Celui qui, après le 10 août, quand l’ennemi approchait, ne sourcilla pas et s’obstina à faire face, celui-là, avant le 10, dans un péril moins imminent, ne faiblit pas à coup sûr.

Pour Vergniaud, la chose est certaine. Il donna son avis en présence d’environ deux cents députés. Contre l’opinion de la plupart de ses amis, il dit : « Que c’était à Paris qu’il fallait assurer le triomphe de la liberté ou périr avec elle ; que, si l’Assemblée sortait de Paris, ce ne pouvait être que comme Thémistocle, avec tous les citoyens, en ne laissant que des cendres, ne fuyant un moment devant l’ennemi que pour lui creuser son tombeau. »

Vergniaud et Danton jugèrent justement comme Richelieu, quand la reine Henriette lui faisait demander si elle pouvait se réfugier en France. Il écrivit en marge de la lettre : — « Faut-il dire à la reine d’Angleterre que qui quitte sa place la perd ? » — Et Louis XI disait : « Si je perds le royaume et que je me sauve avec Paris, je me sauve la couronne sur la tête. »

Comme allait-on s’y prendre pour résister dans Paris ? La première chose était d’en être maître. Or, Paris n’avait point Paris, tant que l’ami des Prussiens était dans les Tuileries. C’est par les Tuileries qu’il fallait commencer la guerre.

Obtiendrait-on d’un peuple, peu aguerri jusque-là, un moment de colère généreuse, un violent accès