Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/230

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esprit de conquête, circulaient dans les campagnes, allaient aux châteaux voisins, prenaient, emportaient l’argenterie.

L’occasion était belle pour frapper la Commune. Des mesures furent prises par l’Assemblée, et cette fois avec une redoutable unanimité, qui montrait assez que les dantonistes agissaient ici avec la Gironde.

L’Assemblée porta un décret qui défendait d’obéir aux commissaires d’une municipalité hors de son territoire.

Un coup non moins grave fut frappé sur la Commune, sur tout ce peuple d’agents qu’elle se créait à plaisir, déléguant sa tyrannie au premier qu’il lui plaisait de ceindre de sa terrible écharpe. Sur le rapport du dantoniste Thuriot, l’Assemblée décréta que quiconque prendrait induement l’écharpe municipale serait puni de mort.

Nous ne doutons point que Danton n’ait parlé encore ici par l’organe de Thuriot, pris sa revanche du baiser de Marat.

On affectait de dire, pour faire passer ce violent décret, que tous ces gens en écharpe, qui, sans droit ni autorité, mettaient les scellés, faisaient des saisies, emportaient, n’étaient autres que des filous, les municipaux eux-mêmes avaient-ils les mains bien nettes ? On était tenté d’en douter. Leur autorité illimitée, la disposition absolue qu’ils s’attribuaient de toute chose, les mettaient sur une pente bien glissante. Il était à craindre que ces Brutus, inflexibles