Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 4.djvu/310

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dragons ont été tués, trois maisons brûlées. D’autres maisons étaient abandonnées, et les meubles brisés. Le nommé Guy Vinsse nous a été amené ; nous l’avons engagé à nous diriger vers le lieu du massacre ; l’endroit était couvert de tourbe pulvérisée, et la terre avait été remuée ; nous avons cherché en vain la trace du sang. Les réponses équivoques de cet homme, une plaie récente que nous lui remarquâmes à la tête, au-dessus de l’oreille, nous décidèrent à le faire arrêter. Nous passâmes de là au village des Îles où deux maisons brûlées fumaient encore… »

Quel appui la noblesse voudrait-elle apporter à ces soulèvements populaires, commencés par les prêtres ? C’était une grande question. Les nobles de province, sacrifiés si longtemps, sous l’Ancien-Régime, à la noblesse de cour, craignaient fort, en se mettant en campagne, de n’opérer rien autre chose que le triomphe de leurs anciens ennemis. Ils n’aimaient pas Coblentz, ils connaissaient l’émigration… Plusieurs avaient été la voir et étaient revenus. Qu’ils tirassent l’épée, attirassent sur eux les forces de la Révolution, selon toute apparence ils auraient réussi seulement à faire rentrer les émigrés avec les armées ennemies ; les courtisans, la bande de la reine et du comte d’Artois, les chevaliers de l’Œil-de-Bœuf, revenaient à Versailles, demandaient, exigeaient, emportaient tout ; permis aux nobles de campagne de retourner chez eux, de revoir leurs terres ruinées, de reprendre leur vie