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procès), semble avoir peu varié de 1791 à 1794. Elle consistait en une maison et quelques morceaux de terre qu’il avait à Arcis, qu’il agrandit un peu, et que son honorable famille possède encore aujourd’hui.

Je ne dis pas que Danton et tous les hommes du temps qui manièrent les affaires au milieu de la tempête, n’aient vécu largement, n’aient parfois gâché et perdu, qu’ils n’aient été de très mauvais économes de la fortune publique. Mais, qu’ils aient vraiment volé, qu’au milieu de ces grands périls, sûrs de mourir demain, qu’ils aient eu la basse et sotte prévoyance de garnir leurs poches, pour les vider à l’échafaud, on ne me fera pas croire aisément ceci.

Danton, avec une nature riche en éléments de vices, n’avait guère de vices coûteux. Il n’était point joueur ni buveur ; il n’avait aucun luxe et il n’eût pu en avoir ; c’était justement l’époque où les hommes de luxe avaient besoin de cacher le leur. Il aimait les femmes, il est vrai, néanmoins surtout la sienne. Les femmes, c’était l’endroit sensible par où les partis l’attaquaient, cherchaient à acquérir quelque prise sur lui. Ainsi le parti d’Orléans essaya de l’ensorceler par la maîtresse du prince, la belle Mme  de Buffon. Danton, par imagination, par l’exigence de son tempérament orageux, était fort mobile. Cependant son besoin d’amour réel et d’attachement le ramenait invariablement chaque soir au lit conjugal, à la bonne et chère femme de