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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/159

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à l’Assemblée nationale ? Oui, certes, selon l’usage, la loi, la raison, ce semble. Et pourtant, s’il l’eût fait ainsi, il eût fort bien pu se faire que les papiers confiés immédiatement à une commission, placés dans un des bureaux, sous la clé des commissaires, fussent en partie soustraits ou peut-être falsifiés. Ces bureaux n’étaient nullement sûrs. Un membre d’une commission pouvait y venir, dans l’absence des autres, ouvrir, travailler à son aise. Des papiers disparurent plus d’une fois. D’autres, altérés plus ou moins habilement, servirent d’instrument aux haines. On vit, par exemple, produire à la Convention un faux maladroit, honteux ; on avait profité d’un nom peu différent de Brissot ; au moyen d’une légère surcharge, d’un changement d’une lettre ou deux, un ennemi avait entrepris de perdre le célèbre Girondin et le faire passer pour traître. Qui accuser ? Les commis des bureaux ou les représentants eux-mêmes qui, tous les jours, au sein des commissions, avaient les pièces à leur discrétion, les maniaient et les annotaient ?

Les papiers de l’armoire de fer, gardés aujourd’hui aux Archives nationales, portent le seing de Roland. Je suis disposé à croire que le défiant ministre ne les laissa pas échapper de ses mains sans avoir pris cette précaution contre la Convention elle-même, je veux dire contre les mains inconnues auxquelles la Convention allait en confier la garde.

En relisant attentivement cette masse de documents, lettres, mémoires, actes de tous genres, je