sité infinie de coutumes, de poids, de mesures, avec ses douanes entre les provinces, avec ses pays d’états et de privilèges divers, tenait beaucoup de la faiblesse et de l’hétérogénéité des États fédératifs. C’était, sous un roi, une fédération grossière, où toutes les formes sociales, fiefs, républiques, quasi royautés princières, co-existaient, avec une confusion inexprimable, des maux infinis de détails, un désaccord ridicule.
Dans ce bizarre tohu-bohu, on rêva plusieurs fois le rétablissement de la fédération des fiefs : « J’aime tant la France, disait, sous Louis XI, le bon duc de Bretagne, qu’au lieu d’un roi j’en voudrais six. » Les Guises en disaient bien autant. Mais quoi ! même en 1789, Mirabeau, après son triomphe de Marseille, avait dit en souriant : « Pourquoi pas comte de Provence ? » — Cazalès et son parti n’hésitèrent pas de poser la Bretagne comme une nation alliée de la France. — La Fayette, tout imbu de son américanisme, ne semble avoir rien désiré qu’une sorte de fédération faiblement harmonisée, d’un ressort fort détendu. — Les constitutionnels de l’époque disaient par la voix de Barnave : « Il faut que la France choisisse : fédération ou monarchie. »
L’Assemblée constituante, par une très noble inconséquence, tout en prêchant la royauté, avait prononcé, selon la logique, que l’unité était dans le souverain, dans le peuple, et non dans la royauté. Le pouvoir royal n’était plus le palladium sacré de l’unité de la France ; il cessait comme religion.