furent surprises, forcées, et que l’armée, presque débandée, fit une retraite rapide et confuse vers Sainte-Menehould, Miranda fut à l’arrière-garde, montra un sang-froid admirable et fit face à l’ennemi. Cette froideur héroïque, quelque peu altière, était médiocrement en harmonie avec le caractère français. Miranda, avec sa brune face espagnole, avait l’air hautain et sombre, l’aspect tragique d’un homme appelé au martyre plus qu’à la gloire ; il était né malheureux.
Dès la fin de 1792, Brissot, Pétion, auraient voulu substituer Miranda à Dumouriez, mettre l’honnête et solide Espagnol à la place du Gascon. À cela, nous l’avons dit, il y avait d’infinies difficultés. Miranda était étranger, à peine connu en France. Il n’avait encore rien fait d’éclatant. Le substituer à Dumouriez comme général en chef, c’eût été étonner et scandaliser tout le monde, donner beau jeu à la Montagne. Pas un des lieutenants de Dumouriez n’aurait voulu obéir.
Les Girondins avaient encore la majorité dans le ministère, dans les comités ; la principale responsabilité des événements extérieurs pesait sur eux. Quelque suspect que leur devînt Dumouriez, et par la faveur qu’il donnait en Belgique aux aristocrates, et par ses liaisons jacobines et terroristes à Paris, il leur fallait le subir. Que dis-je ? il leur fallait l’appuyer en public, fortifier de leur assentiment l’homme qui portait l’épée de la France, et qui, à l’entrée d’une nouvelle campagne, allait la tirer.