Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 5.djvu/499

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portions égales au nombre des nécessiteux de chaque section… »

Cet article disait tout. Il annonçait naïvement la voie où l’on entra bientôt, celle des distributions d’argent et du salaire sans travail. La proposition était claire. Un parti achetait le peuple, avec ce qu’il extorquait de la Convention. Il crevait la caisse publique, rançonnait l’Assemblée aujourd’hui, pour la décimer demain.

La Convention se taisait. Le président (un Girondin) n’avait fait qu’une réponse triste et digne, nullement celle que la pétition aurait méritée. Un cri enfin révéla l’indignation de l’Assemblée ; ce cri partit de la Montagne et des amis de Danton. Lacroix demanda qu’au moins les pétitionnaires ne fussent pas admis aux honneurs de la séance.

Un député de la droite constata le danger de la Convention, dit qu’elle ne devait pas quitter Paris, mais réunir ses suppléants à Bourges, afin que, si elle était égorgée, il restât une Assemblée pour gouverner la France.

Cependant on s’avisa de regarder de plus près cette terrible pétition ; on vit avec étonnement qu’elle ne portait ni signatures ni pouvoirs. Les meneurs parlaient au nom du faubourg et ne l’avaient pas consulté.

Le dantoniste Phelippeaux se leva alors, et demanda que l’orateur fût envoyé tout droit au tribunal révolutionnaire. Fonfréde demanda aussi son arrestation. Et, ce qui porta l’étonnement au