Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 7.djvu/380

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dée à la Convention par une foudroyante adresse qu’on fît venir d’Avignon. Elle répétait les propres paroles du discours de Robespierre sur la faction des indulgents, mais elle précisait les choses, demandant, imposant à l’Assemblée la mort de ceux qui siégeaient à côté de Danton, de ceux qui ont craint l'institution des tribunaux de prairial.

Cette pétition contenait une calomnie meurtrière. Elle disait que les dantonistes s’étaient déclarés les seconds de Jourdan. Loin de là, c’était le dantoniste Merlin (de Thionville) qui avait demandé qu’il fût amené à Paris, poursuivi, jugé.

Toutefois avant de passer outre, d’exiger de l’Assemblée qu’elle se saignât encore, les robespierristes crurent devoir serrer fortement dans leurs mains le drapeau de la Terreur. L’affaire de Bicêtre, n’ayant guère frappé que des pauvres diables, ne les popularisait guère, s’ils ne la soutenaient par une proscription de véritables suspects.

Le philanthrope Herman, cette fois, ne s’en fia à personne. Il alla lui-même, avec Lanne, au Luxembourg, faire une battue de prisonniers (12 messidor, 1er juillet).

Philanthrope ? On croit que je raille ; non, ils étaient philanthropes. Couthon était philanthrope ; on l’avait bien vu à Lyon. Herman l’était en principe. Ses circulaires, dignes des Beccaria et des Dupaty, respirent une tendre humanité[1]. Seulement ils

  1. Le régime des prisons, établi par lui, fut détestable par la faute des entrepreneurs. Mais il était établi largement ; l’État payait 50 sols (assignats