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Page:Michelet - OC, Légendes démocratiques du Nord, La Sorcière.djvu/404

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grand d’être ma femme. Mais enfin, dis ce que tu veux.

« — Messire, rien que de faire du mal.

« — Charmante, charmante réponse !… Oh ! que j’ai raison de t’aimer !… En effet, cela contient tout, toute la loi et tous les prophètes… Puisque tu as si bien choisi, il te sera, par-dessus, donné de surplus tout le reste. Tu auras tous mes secrets. Tu verras au fond de la terre. Le monde viendra à toi, et mettra l’or à tes pieds… Plus, voici le vrai diamant, mon épousée, que je te donne, la vengeance… Je te sais, friponne, je sais ton plus caché désir… Oh ! que nos cœurs s’entendent là… C’est bien là que j’aurai de toi la possession définitive. Tu verras ton ennemie agenouillée devant toi, demandant grâce et priant, heureuse si tu la tenais quitte en faisant ce qu’elle te fit. Elle pleurera… Toi, gracieuse, tu diras : Non, et la verras crier : Mort et damnation !… Alors, j’en fais mon affaire.

« — Messire, je suis votre servante… J’étais ingrate, c’est vrai. Car vous m’avez comblée toujours. Je vous appartiens, ô mon maître ! ô mon dieu ! Je n’en veux plus d’autre… Suaves sont vos délices. Votre service est très-doux. »

Là, elle tombe à quatre pattes, l’adore !… Elle lui fait d’abord l’hommage, dans les formes du Temple, qui symbolise l’abandon absolu de la volonté. Son maître, le Prince du monde, le Prince des vents, lui souffle à son tour comme un impétueux esprit. Elle reçoit à la fois les trois sacrements à rebours, baptême, prêtrise et mariage. Dans cette nouvelle Église, exactement l’envers de l’autre, toute chose doit se