Page:Michelet - OC, L’Amour, La Femme.djvu/367

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aisément aujourd’hui par une petite ligne du Code. (Expropriation pour cause d’utilité publique.)


Je vois deux peuples dans nos villes :

L’un, vêtu de drap, c’est l’homme ; - l’autre, de misérable indienne. - Et cela, même l’hiver !

L’un, je parle du dernier ouvrier, du moins payé, du gâcheux, du serviteur des ouvriers ; il arrive pourtant, cet homme, à manger de la viande le matin (un cervelas sur le pain ou quelque autre chose). Le soir, il entre à la gargote et il mange un plat de viande et même boit de mauvais vin.

La femme du même étage prend un sou de lait le matin, du pain à midi et du pain le soir, à peine un sou de fromage. - Vous niez ?. Cela est certain : je le prouverai tout à l’heure. Sa journée est de dix sous, et elle ne peut être de onze, pour une raison que je dirai.

Pourquoi en est-il ainsi ?.L’homme ne veut plus se marier, il ne veut plus protéger la femme. Il vit gloutonnement seul.

Est-ce à dire qu’il mène une vie abstinente ? Il ne se prive de rien. Ivre le dimanche soir, il trouvera, sans chercher, une ombre affamée, et outragera cette morte.

On rougit d’être homme.


« Je gagne trop peu », dit-il. Quatre ou cinq fois plus que la femme, dans les métiers les plus nombreux. Lui quarante ou cinquante sous, et elle dix, comme on va le voir.