Page:Michelet - OC, L’Amour, La Femme.djvu/368

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La pauvreté de l’ouvrier serait pour l’ouvrière richesse, abondance et luxe.

Le premier se plaint bien plus. Et, dés qu’il manque en effet, il manque de bien plus de choses. On peut dire d’eux ce qu’on a dit de l’Anglais et de l’Irlandais « L’Irlandais a faim de pommes de terre. L’Anglais a faim de viande, de sucre, de thé, de bière, de spiritueux, etc., etc. »

Dans le budget de l’ouvrier nécessiteux, je passais deux choses qu’il se donne à, tout prix, et auxquelles elle ne songe pas le tabac et la barrière. Pour la plupart, ces deux articles absorbent plus qu’un ménage.

Les salaires de l’homme ont reçu, je le sais, une rude secousse, principalement par l’effet de la crise métallique qui change la valeur de l’argent. Ils remontent, mais lentement. Il faut du temps pour l’équilibre. Mais, en tenant compte de cela, la différence subsiste. La femme est encore plus frappée. C’est la viande, c’est le vin, qui sont diminués pour lui ; pour elle, c’est le pain même. Elle ne peut reculer ni tomber davantage : un pas de plus, elle meurt.


« C’est leur faute, dit l’économiste. Pourquoi ont-elles la fureur de quitter les campagnes, de venir mourir de faim dans les villes ? Si ce n’est l’ouvrière même, c’est sa mère qui est venue, qui, de paysanne, se fit domestique. Elle ne manque pas, hors mariage, d’avoir un enfant, qui est l’ouvrière. »

Mon cher monsieur, savez-vous ce que c’est que la campagne de France ? combien le travail y est