peine, fortifiant de familles nouvelles cette puissante colonie, plus solide que l’empire indien.
Les nôtres, que deviennent-elles ? Elles ne font pas grand bruit. On ne les verra pas, comme l’ouvrier coalisé et robuste, le maçon, le charpentier, faire une grève menaçante et dicter des conditions. Elles meurent de faim, et voilà tout. La grande mortalité de 1854 est surtout tombée sur elles.
Depuis ce temps cependant, leur sort s’est bien aggravé. Les bottines de femmes ont été cousues à la mécanique. Les fleuristes sont moins payées, etc.
Pour m’éclairer sur ce triste sujet, j’en parlais à plusieurs personnes, spécialement à mon vénérable ami et confrère, M. le docteur Villermé, à M. Guerry, dont les beaux travaux sont si estimés, enfin à un jeune statisticien dont j’avais fort admiré la méthode rigoureuse, M. le docteur Bertillon. Il eut l’obligeance extrême de faire, à cette occasion, un travail, sérieux, où il réunit aux données que le monde ouvrier peut fournir celles que des personnes de l’administration lui communiquèrent. Je voudrais qu’il le complétât et le publiât.
Je n’en donnerai qu’une ligne : « Dans le grand métier général qui occupe toutes les femmes (moins un petit nombre), le travail de l’aiguille, elles ne peuvent gagner que dix sous. »
Pourquoi ? « Parce que la machine, qui est encore assez chère, fait le travail à dix sous. Si la femme en demandait onze, on lui préférerait la machine. »
Et comment y supplée-t-elle ? « Elle descend le soir dans la rue. »
Voilà pourquoi le nombre des filles publiques, enre-