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II

LA FEMME EST UNE MALADE

Bien souvent assis, et pensif, devant la profonde mer, j’épiais la première agitation, d’abord sourde, puis sensible, puis croissante, redoutable, qui rappelait le flot au rivage. J’étais dominé, absorbé de l’électricité immense qui flottait sur l’armée des vagues dont la crête étincelait.

Mais avec combien plus d’émotion encore, avec quelle religion, quel tendre respect, je notais les premiers signes, doux, délicats, contenus, puis douloureux, violents, des impressions nerveuses qui périodiquement annoncent le flux, le reflux de cet autre océan, la femme !

Du reste, ces signes sont si clairs, que, même hors de l’intimité, ils se manifestent au premier coup d’œil. Chez les unes, qui semblent fortes (mais qui alors sont d’autant plus faibles), un bouillonnement visible commence, comme une tempête, ou l’invasion d’une grande maladie. Chez d’autres, pâles, bien atteintes,