Page:Michelet - OC, L’Amour, La Femme.djvu/51

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pensées. Elle y mêle, comme la trame, telles choses de la maison dont l’homme trop occupé ne se fût point avisé, souvent des rêves sérieux sur l’avenir de ses enfants, parfois aussi une poésie plus haute et plus générale d’humanité, de charité.

Quelqu’un demandait à l’illustre et charmante madame Stowe, comment elle a fait l’Oncle Tom : « Monsieur, en faisant seule le pot-au-feu de la famille. »

Il faut que le travail de la femme soit pour elle de l’amour encore, car elle n’est bonne à autre chose. Quel est son but de nature, sa mission ? La première, aimer ; la seconde, aimer un seul ; la troisième, aimer toujours.

Toujours autant, sans se lasser. Quand le monde ne vient pas la troubler et la changer, la femme plus que l’homme est fidèle. Elle aime très également, d’un cours continu et que rien n’arrête, comme coule la rivière ou le fleuve, comme une belle source solitaire de la forêt Noire à qui, passant par là, en juillet 1842, je m’avisai de demander de quel nom elle s’appelait. Elle dit « Je m’appelle Toujours. »