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Page:Michelet - OC, L’Amour, La Femme.djvu/8

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INTRODUCTION

place, les mornes plaisirs d’une vie polygamique, qui, n’imposant nulle charge à l’homme, ne garantissant pas la femme (comme la polygamie de l’Orient), est d’autant plus destructive, indéfinie, sans limite, stimulante et énervante par un continuel changement.

On se marie de moins en moins dans les villes (voir les chiffres officiels). Et, ce qui n’est pas moins grave, quand la femme est épousée, ce n’est que très tard. A Paris, où elle est précoce et nubile de bonne heure, elle n’arrive au mariage qu’à vingt-cinq ans. Donc, huit ou dix ans d’attente, le plus souvent de misère, de désordres même forcés. Le mariage est peu solide et ne garantit pas de l’abandon.

État sauvage où l’amour n’est qu’une guerre à la femme, profitant de sa misère, l’avilissant, et flétrie, la rejetant vers la faim.

Chaque siècle se caractérise par sa grande maladie. Le treizième fut celui de la lèpre ; le quatorzième, de la peste noire ; le seizième, de la syphilis ; le dix-neuvième est frappé aux deux pôles de la vie nerveuse, dans l’idée et dans l’amour, chez l’homme au cerveau énervé, vacillant, paralytique, chez la femme à la matrice douloureusement ulcérée. Ce siècle sera nommé celui des maladies de la matrice, autrement dit, de la misère et de l’abandon de la femme, de son désespoir.

La punition est celle-ci : c’est que cette femme souffrante, de son sein endolori, n’enfantera qu’un malade, qui, s’il vit, cherchera toujours, contre l’énervation native, un secours fatal dans l’énervation