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XVIII

MORT DE CHARLOTTE CORDAY (19 JUILLET 93)


La femme entre, un commissionnaire… Ils trouvent Charlotte, debout et comme pétrifiée, près de la fenêtre. L’homme lui lance un coup de chaise à la tête, barre la porte pour qu’elle ne sorte. Mais elle ne bougeait pas. Aux cris, les voisins accourent, le quartier, tous les passants. On appelle le chirurgien, qui ne trouve qu’un mort. Cependant la garde nationale avait empêché qu’on ne mît Charlotte en pièces ; on lui tenait les deux mains. Elle ne songeait guère à s’en servir. Immobile, elle regardait d’un œil terne et froid. Un perruquier du quartier qui avait pris le couteau, le brandissait en criant. Elle n’y prenait pas garde. La seule chose qui semblait l’étonner, et qui (elle l’a dit elle-même) la faisait souffrir, c’étaient les cris de Catherine Marat. Elle lui donnait la première et terrible idée « qu’après tout Marat était homme ». Elle avait l’air de se dire « Quoi donc ! il était aimé ! »