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Page:Michelet - OC, Les Femmes de la Révolution, Les Soldats de la Révolution.djvu/458

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LES SOLDATS DE LA RÉVOLUTION

prudent Ulysse, apportait deux papiers, l’un publie pour afficher : « Nous respectons les vœux de la population romaine » ; l’autre secret pour garder dans la poche : « Vous briserez les résistances. »

Mais on ne croyait à aucune résistance. On disait hautement « Les Romains ne se battent pas. » On envahit leur territoire, on menace leurs murs, on avance sans précaution, comme s’il s’agissait d’une razzia sur un pauvre petit camp arabe et de l’enlèvement de quelques troupeaux.

La veille cependant, le 29, les cavaliers des deux partis s’étaient déjà rencontrés en plaine et avaient tiré les uns sur les autres.

Le 30, on supposait sans doute que les habitants divisés allaient livrer la ville eux-mêmes. Toute la population en effet vint au-devant, mais armée, avec une unanimité terrible.

Grande surprise ! perte énorme des nôtres ! cris à la trahison ! On l’écrit vite en France. L’honneur est engagé. Il faut une vengeance, il faut du sang, il faut punir ce peuple qui a osé se défendre ! crime inouï, c’est vrai, de se battre en pleine guerre et de repousser qui vous assaille !

Les pieux personnages de Paris et de Gaëte en rendirent grâces à Dieu. Sans cet heureux échec, sans le préjugé militaire une fois réveillé, l’armée française se fût souvenue d’elle-même, de la fraternité et de la République.

Ce grand succès de Rome, au 30 avril, appartient tout entier aux Romans. Dans les forces que Garibaldi mena au combat, il n’y avait pas cinq cents étrangers ; il n’avait avec lui qu’une légion romaine