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LES SOLDATS DE LA RÉVOLUTION

« Vous devez me connaitre assez pour croire que je ne serai jamais courtisan. L’homme du jour sait fraternellement dénoncer ; l’homme probe ne suit que les immuables principes de la justice, il doit se sacrifier pour la vérité. Qu’importe, après tout, que les hommes me rendent justice, si ma conscience ne me reproche rien ? Heureux habitant du Morbihan, qui ne vis que pour adorer Dieu et travailler, j’envie ton sort. Que ne suis-je à ta place ! Bien que des pillards, bleus, gris ou verts, vinssent m’arracher le fruit de mes peines, je vivrais content. L’on me pille aussi, et l’on voudrait que je fasse bonne figure.

« ... Quel reproche me fait-on ! Est-ce d’avoir dit la vérité ? Je la dirai toujours. Il y a un an, j’étais au fond d’un cachot bien humide pour l’avoir dite : cela ne m’a pas corrigé. »


IV


Lettre de M. le marquis des Roys.

Mme Michelet avait communiqué au petit-fils de Hoche, M. le marquis des Roys, le manuscrit de Michelet sur son illustre aïeul, en lui demandant s’il n’aurait pas dans ses papiers de famille quelque document qui pût compléter la biographie du Pacificateur de la Vendée.

M. des Roys répondit à Mme  Michelet la lettre qui suit


« Gaillefontaine (Seine-Inférieure).
« Ce 26 novembre 1877.
« Madame,

« J’ai été extrêmement touché de la pensée qui vous a fait me communiquer le travail de M. Michelet sur mon grand-père. Je l’ai lu de suite et avec le plus vif intérêt. Quoique le cadre de l’illustre historien soit volontairement restreint, et se rapproche plus d’une étude que d’une biographie complète, j’y ai trouvé une vie, une animation chaleureuses et rares ; j’y ai appris plusieurs détails qui m’étaient inconnus. Je ne puis être que très reconnaissant de cette nouvelle pierre, qui sera notée entre toutes, apportée au monument qui assure la mémoire du général Hoche contre l’oubli.

« Les papiers que je possède ici, et qui aujourd’hui sont mis en ordre, ont été feuilletés tant de fois qu’il n’en reste que bien peu d’inédits. Ces derniers sont pour la plupart des