Page:Michotte - La Visite de R. Wagner à Rossini, 1906.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


La visite de Richard Wagner à Rossini





La chronique s’occupa jadis très diversement de la visite que Wagner fit à Rossini (mars 1860), à l’époque où le maître allemand s’était fixé à Paris, dans l’espoir d’y faire représenter son opéra Tannhäuser. L’imagination aidant, cette rencontre fut interprétée, dans la presse et dans le public, de la manière la plus fantaisiste.

Beaucoup plus tard, Wagner lui-même la commenta, en un article, qu’à l’occasion de la mort de Rossini il publia dans un journal de Leipzig[1]. Il le fit brièvement, sans mentionner des détails, dont peut-être après huit ans il ne se souvenait plus ; mais auxquels — chose possible — il n’attribua pas, à son point de vue personnel, une importance assez significative pour se résoudre à les mettre en évidence.

Cette entrevue pourtant fut si essentiellement typique, qu’il serait regrettable d’en laisser le compte-rendu dans l’oubli.

Je dirai plus loin, par suite de quelles circonstances, y ayant assisté, je me trouve à même de pouvoir, en un récit scrupuleusement exact, reproduire les phases diverses de la conversation qui s’établît entre ces deux hommes célèbres[2].

  1. Erinnerungen an Rossini (1868).
  2. Toutes les sottises que l’on inventa alors à ce sujet et dont on a formé une légende qui subsiste encore aujourd’hui, se résument en fin de compte à prétendre :

    Que Rossini se refusa d’abord énergiquement à voir Wagner…

    Que ne pouvant plus s’y dérober, il le reçut d’une façon fort impolie et se montra particulièrement agressif à son égard…

    Que Wagner très gêné — blême comme un mort ! — balbutia force excuses pleines de repentir à propos de ses écrits… etc…

    Autant de fables, autant d’absurdités.

    Lors de cette rencontre, aucun reporter, je l’affirme, ne put se pré-