Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/180

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histoire pour élever du moins un monument funèbre à tant de peuples morts et ensevelis dans l’oubli !

Je vous ai déjà dit vaguement qu’une partie des Slaves habitaient, à une époque très reculée, l’occident de l’Europe. Sans chercher ici à discuter leur histoire primitive, ce qui ne regarde que les antiquaires, nous vous dirons seulement quelques mots sur les temps plus rapprochés du moyen âge.

Les monuments historiques qui font mention de ces peuples ne commencent qu’au viiie siècle. Les savants bohêmes et polonais ont découvert et expliqué beaucoup de diplômes, de priviléges, de donations, de lettres d’évêques, de princes, de rois et d’empereurs, qui, non seulement témoignent de l’ancienneté de leur existence dans l’Occident, mais éclairent aussi leurs rapports avec la race germanique qui les entourait de toute part et les détruisait peu à peu. Ainsi, en 751, l’évêque Boniface demandait au pape s’il était permis d’exiger le tribut des populations slaves habitant le centre de l’Allemagne. Nous avons des traces de leurs colonies en Hollande et même en Angleterre, où les noms slaves de Wilsembourg, Walzbourg (château des Weletes ou Wilkes), très communs dans le moyen âge, se sont conservés en quelques endroits. On retrouve le même son dans les noms de Wilten, Wiltseten ou Wilts, aujourd’hui Wiltshire. Du reste, le séjour des Weletes en Angleterre est confirmé par les chroniqueurs qui les appellent Wiltunisii. Mais, dans tous ces pays, les Slaves n’avaient pas d’existence politique.

Au nord de l’Allemagne, au contraire, entre l’Elbe