Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/43

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races nomades, tant qu’ils restaient au-delà du Danube, n’étaient connus que par une vague rumeur, par la renommée. Mais dès qu’ils passaient le fleuve, ils faisaient leur entrée dans l’histoire, devenaient des réalités. Comme preuve de notre affirmation, il nous suffit de citer le nom d’Attila.

Le territoire slave, qui sépare la réalité de la fable, l’histoire de la tradition, s’étend entre le Danube inférieur, la Grèce du Nord et les monts Karpathes ; il touche à l’Adriatique ; c’est le seul qui fût connu des anciens. Nous trouvons dans les livres grecs, dans les descriptions et les monuments des Romains, quelques noms, quelques dates ; ce sont les seuls monuments de l’histoire ancienne de cette contrée.

Ces noms et dates, religieusement recueillis, expliqués, commentés par la science moderne, servent de passage, de transition des temps mythiques slaves, à l’époque historique. Ce sont des chaînons qui rattachent notre histoire à celle des nations de l’Europe. Par suite des recherches de quelques savants, il n’est plus douteux aujourd’hui que cette contrée n’ait été de temps immémorial habitée par les Slaves. Sous les rois de Macédoine, il y existait déjà des États slaves indépendants ; Rome les changea en provinces de l’Empire et en confia le gouvernement à ses créatures. Les limites de ces provinces n’avaient rien de fixe. Les foyers de leur administration devenaient peu à peu des points importants, des villes centrales, les sièges même de nouveaux empires ; telle fut Vienne, par exemple. C’est de ces points que la civilisation