Page:Mickiewicz - Les Slaves, tome 1.djvu/83

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de joie partout où elle s’établissait. Il reproche aux habitants de l’Europe, et surtout aux Allemands, ses compatriotes, les éternelles injustices faites à cette race bienfaisante. Mais l’organisation slave, si belle et si originale qu’elle soit, était condamnée à périr, parce qu’elle manquait d’éléments de vitalité et de progrès. Elle ne pouvait lutter contre l’organisme actif des peuples qui l’entouraient. Il est évident que les Slaves n’auraient pu échapper à une destruction complète, même au fond de leurs forêts marécageuses, s’ils n’avaient accepté dans leur sein quelques peuplades guerrières qui sont devenues plus tard le noyau d’états puissants, et si la religion chrétienne ne les avait arrachés à leur immobilité, conséquence fatale de leurs dogmes sans vie.

L’histoire de ces contrées immenses placées entre la mer Noire et la mer Baltique ne commence donc réellement qu’avec le christianisme. Avant, les Slaves n’avaient pas d’histoire proprement dite ; car l’histoire est le passé d’un peuple constitué en empire, en royaume, et, ils n’existaient, eux, qu’à l’état de colonies éparses. On aurait tort cependant de les considérer comme des Barbares, ainsi que le font souvent les étrangers et surtout les Allemands, qui veulent absolument les comparer aux sauvages de l’Amérique pour excuser ou justicier sans doute les violences qu’ils ont commises envers ce peuple. Les écrivains du moyen âge et ceux de l’antiquité leur rendent un tout autre témoignage ; ils parlent avec éloge de la douceur de leurs mœurs et de leur caractère. Les Grecs disent que-les mots astuce et trahison