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INTRODUCTION.


nécessaire, il faut que nous mettions nos actions en harmonie avec ses volontés, et que nous les lui rapportions. La question d’ailleurs est la même que celle-ci Pourquoi Dieu a-t-il voulu tout ce qui existe ? T Nous laissons l’honneur de la réponse à ceux qui prétendent tout découvrir par la raison.

Maintenant que l’insuffisance de la raison naturelle pour l’établissement des principes règles de la conscience est bien constatée, il nous reste à exposer la théorie catholique, tant sur la nature que sur la détermination précise du bien et du mal.

Nous savons par la révélation divine que la Parole toute-puissante a tiré toutes choses du néant (Gen. sc|i) nous apprenons par la même voie que l’auteur de cet univers a tout fait pour lui-même (Prov. xvi, 4), et que sa créature intelligente et libre doit tout opérer pour la gloire de Dieu (I Cor. x, 31). Nous connaissons donc le principe et la fin de tous les êtres créés, l’alpha et l'oméga, selon le langage des saintes Ecritures, c’est-à-dire que nous avons les deux éléments extrêmes de l’ordre. Quel sera l’élément moyen ? Doit-on le chercher ailleurs que dans la volonté de Dieu ? L’ordre, dans son acception la plus générale, est la disposition que fait un principe actif des moyens propres à lui faire obtenir la fin qu’il s’est proposée. Or, ces moyens, pourrait-on les découvrir sans interroger les volontés de celui qui les a disposés ? Tous les êtres inorganiques, et même les êtres organiques soit simplement vivants, soit animés, convergent vers leur fin d’une manière invariable, en vertu des attributions inhérentes à leur nature. Mais, comme il ne peut en être de même de l’homme, qui est doué d’une volonté libre, son créateur a dû l’établir dans l’ordre par des prescriptions positives, comme moyens de le diriger vers sa fin. C’est ce qu’il a fait en effet, ainsi que nous l’apprennent les livres saints, dès le commencement du monde, et c’est ce qu’il a continué de faire, dépendamment des besoins moraux de l’humanité, soit sous le régime patriarcal, soit sous la loi mosaïque, jusqu’à ce qu’il eût pourvu d’une manière définitive à l’établissement et au rétablissement de l’homme dans l’ordre, par une révélation plus explicite et par l’institution d’une autorité visible, infaillible, dépositaire de sa puissance. Cette autorité réside dans l’Eglise catholique, qui seule d’ailleurs se croit infaillible, et qui l’est véritablement. Cet enseignement est à la portée de toutes les classes de la société, qui doivent également s’établir dans l’ordre, et qui seraient dans l’impuissance de le faire sans ce moyen providentiel.

Il est clair, d’après ce qui précède, que l’essence du bien consiste nécessairement dans l’observance de l’ordre, et que celui-ci n’aurait pu être observé par l’homme, si l'auteur de la nature ne lui eût intimé ses volontés par des moyens quelconques. Voilà pourquoi Dieu qui trouva bon tout ce qu’il créa avant l’homme, immédiatement après


l’avoir tiré du néant, parce qu’il avait pourvu à l’observance de l’ordre par l’établissement des lois de la nature physique, ne trouve pas également bon le roi de la terre après le seul fait de sa production parce qu’il se réservait de lui faire connaître postérieurement les moyens qui devaient le conduire à sa fin (Gen. i).

Concluons aussi que la règle du bien n’est autre chose que la volonté de Dieu, exprimée dans sa parole soit écrite, soit transmise d’âge en âge, et présentée aux hommes, dans l’état actuel du genre humain, par l’Eglise catholique, pourvue à cet effet du privilège de l’infaillibilité. Il est donc impossible de trouver les véritables principes-règles de la conscience, avec la garantie qu’exige leur application, ailleurs que dans l’Ecriture sainte et dans les monuments de l’Eglise enseignante, lesquels sont les actes des conciles, les écrits des saints Pères, les décisions des souverains pontifes et les traités des théologiens ainsi que ceux des auteurs ascétiques approuvés par les premiers pasteurs de l’Eglise romaine.

XXVIII. L’autorité des écrivains sacrés est supérieure à toute autre autorité, elle ne forme pas seulement un sentiment probable, mais un jugement infaillible. Il n’est pas permis de douter de la sainteté des maximes de l’Evangile ; lorsque l’Ecriture s’explique sur quelque point, tout ce que doit faire le chrétien c’est d’admettre et de pratiquer. On a remarqué que tous les bons casuistes ont soin de s’appuyer sur l’Ecriture sainte ; ceux dont la morale a été taxée de relâchement ont plutôt compté sur les forces de leur intelligence que sur la parole de Dieu : ils sont tombés dans l’erreur. Ce serait tomber dans une grande illusion que de vouloir interpréter par la raison individuelle les règles de morale contenues dans les Ecritures. Au mot {{sc|Ecriture sainte, Bergier donne les règles d’interprétation de la sainte Ecriture.

L’Eglise est une arche sainte que Jésus-Christ, son pilote éternel, conduit sûrement au port ; c’est un guide assuré qui mène le fidèle à la haute perfection évangélique. Infaillible pour régler la foi et les mœurs des fidèles, l’Eglise est donc une source pure de la saine morale. Le pontife souverain, son chef sur la terre, le vicaire de Jésus-Christ, participe aussi au don de son infaillibilité. Lorsqu’il parle, c’est au chrétien de se soumettre à ses décisions. Voy. Dict. dogmatique, art. Eglise, Pape.

XXIX. Les saints Pères ayant fait une étude particulière des saintes Ecritures, et paraissant choisis de Dieu pour nous en donner l’intelligence, méritent d’être écoutés et consultés par préférence à tous les autres docteurs. On ne lit jamais les écrits de ces grands maitres sans se sentir plus porté à fuir le vice et à pratiquer la vertu. Quelques-uns d’entre eux ont porté bien haut les principes de la morale. Si l’exagération est toujours répréhensihle, il y a cependant quelque chose qui nous la fait aimer lorsqu’il s’agit