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les arts d’agrément dans l’exercice honorable de ses facultés corporelles, en cultivant des fleurs, etc., un délassement qui lui procurera de bien douces jouissances. L’hommede peine se livrera à une lecture sainte, à une conversation sage et utile ; il puisera dans cet heureux repos des forces nouvelles pour continuer son travail.

Les pensées impures font souvent invasion pendant la nuit. Dans les moments d’insomnie, les âmes véritablement amies de la pudeur se rappellent les occupations du jour, se livrent à la méditation de vérités sérieuses, ou bien récitent des prières vocales ; elles font ainsi une sage diversion.

Troisième remède.

11. Les pensées mauvaises résistent quelquefois à toutes les occupations. Saint Jérôme, dans la solitude de Bethléem, au milieu de ses grands travaux, était sans cesse poursuivi par le souvenir des plaisirs de Rome. Quelquefois les attaques sont violentes, acharnées, continues ; rien ne peut les repousser. Dans ces moment terribles, les âmes sincèrement amies de l’innocence sont livrées à toutes les douleurs de leur cœur et à toute l’amertume de leur âme. Les pensées les plus belles, celles de Dieu et du ciel, les images les plus fortes, celles de la mort et de l’enfer, passent devant les yeux : c’est un combat acharné entre le bien et le mal. Ces âmes se sentent défaillir, elles vont être vaincues ; aussitôt elles se jettent aux pieds du crucifix, elles l’arrosent de leurs larmes, elles le pressent sur leur cœur : la bataille est gagnée, la victoire est complète, la paix est rétablie.

Que ces considérations nous apprennent non-seulement à corriger les écarts d’une imagination déréglée, mais encore à cultiver les pensées vertueuses, qui poussent l’âme dans la route du bien ! Alors de belles pensées, des idées pures nous élèveront au-dessus de nous-mêmes et feront de nous tous des anges de la terre !

II. Des désirs considérés comme source d’impureté, et des remèdes à leur appliquer.

12. Les désirs inondent l’âme de l’homme. Il ne s’élève pas plus de vagues sur la haute mer que de désirs dans notre cœur, qui est un abîme sans fond. Le désir est un degré de plus que la pensée. Celle-ci n’est qu’une image, une complaisance. sans la volonté de réaliser l’objet de la pensée. Le désir, au contraire, veut l’exécution ; s’il ne la réalise pas, c’est qu’il est arrêté par quelques considérations étrangères à la vertu qu’il veut violer. Si la volonté est réputée pour le fait, le désir est donc aussi criminel que l’acte lui-même. Oh ! que celui qui se livre à des désirs impurs considère les suites malheureuses du péché, qu’il mesure la profondeur de l’abîme où il voudrait se laisser entraîner ! Peut-être qu’il comprendra l’énormité du vice impur, et qu’il en repoussera le désir.

Les remèdes aux désirs impurs sont ceux que nous avons assignés aux pensées car il


y a entre celles-ci et le désir une très-grande liaison. De la pensée au désir le pas est glissant : qu’on leur applique courageusement les remèdes prescrits, et on pourra compter sur la victoire.

III. Des paroles considérées comme source d’impureté, et des remèdes à leur appliquer.

13. Les conversations peuvent être un souverain danger, surtout entre des âmes tendres et sensibles ; Lorsque la confiance mutuelle s’est établie entre deux personnes, elles s’ouvrent entièrement leur cœur, elles se communiquent toutes leurs pensées, elles se font part, de leurs impressions. Ainsi une âme haletante sous le poids de la passion se dévoile à une autre, atteinte peut-être du même mal. Les charbons de feu rapprochés s’attisent, s’allument, s’enflamment. Alors il se glisse dans les veines un fluide spécial, qui porte dans l’être tout entier un charme qui émeut les plus insensibles.

Cependant la plupart des jeunes personnes font leurs délices de semblables conversations ; elles ne voient rien de criminel dans leurs discours. Ames malheurenses ! Il n’y a rien de coupable dans vos entretiens ! Dites-nous donc si vous êtes ce que vous étiez ? Pourquoi êtes-vous distraites et oisives ? D’où viennent ces fantômes qui vous suivent partout ? Quelle est la cause de ces émotions qui vous souillent ! Pourquoi les mêmes conversations vous sont-elles si chères ? Pourquoi étes-vous rêveuses après vos entretiens ? Vous nous dites que vous êtes innocentes ! Vous mentez ; votre conscience vous accuse : elle vous avertit que vous n’êtes pas pures.

Si ces conversations existent entre des personnes de différents sexes, le danger augmente : la vertu est exposée au plus grand péril. Encore quelques jours, et les anges du ciel pleureront la chute la plus déplorable.

Le remède à ces grands maux, c’est d’abord de les prévenir. Une personne honnête ne doit pas se permettre une seule parole contraire aux lois les plus sévères de la pudeur ; elle n’en souffre jamais en sa présence. Il faut donc éviter avec le plus grand soin les personnes qui font de l’amour, de la galanterie, des chroniques scandaleuses, l’objet ordinaire de leurs entretiens. Lorsque le mal a pris naissance, que les conversations impures ont pris leur cours, il faut les rompre à l’instant même. Mais on est retenu par les liens de l’amitié ; on ne veut pas, pour quelques discours légers, rompre avec une amie d’enfance : c’est-à-dire qu’on ne veut pas conserver l’innocence de son cœur. Celui qui sait l’estimer ce qu’elle vaut abandonnerait vingt amis pour la conserver. Il faut encore se montrer plus sévère relativement aux entretiens entre personnes de différents sexes ; ils sont interdits par la prudence et par la décence. Une personne réellement amie des bonnes mœurs ne se permet pas de longs et fréquents entretiens de cette nature ;


Dictionn. de Théologie morale. II. 8