Les aristocrates triomphaient à la vue des difficultés qui embarrassaient l’assemblée nationale. Il fallait, selon eux, qu’elle se mît dans la dépendance de la multitude, ou qu’elle se privât de son appui ; et, dans l’un et l’autre cas, le trajet à l’ancien régime leur paraissait plus court et plus facile. Le clergé s’y aida pour sa part : la vente de ses biens, qu’il entrava de toutes les manières, s’effectuait à un prix supérieur même à celui qui avait été fixé. Le peuple, délivré de la dîme, et rassuré sur la dette nationale, était loin de se prêter aux ressentiments des évêques. Ils se servirent dès lors de la constitution civile du clergé pour exciter un schisme. Ce décret de l’assemblée, comme on l’a vu, ne touchait ni à la discipline, ni aux croyances de l’Église. Le roi le sanctionna le 26 décembre ; mais les évêques, qui voulaient couvrir leurs intérêts du manteau de la religion, déclarèrent qu’il empiétait sur la puissance spirituelle. Le pape, consulté sur cette mesure purement politique, y refusa son adhésion, que le roi lui avait demandée avec instance, et il soutint de ses encouragements l’opposition des évêques. Ceux-ci décidèrent qu’ils ne concourraient point à l’établissement de la constitution civile ; que ceux d’entre eux qui seraient supprimés protesteraient contre cet acte non canonique ; que toute érection d’évêché faite sans le concours du pape serait nulle, et que les métropolitains refuseraient l’institution aux évêques nommés selon les formes civiles.
En voulant déjouer cette ligue, l’assemblée la fortifia. Si elle eût abandonné les prêtres dissidents à eux-mêmes, malgré leur désir, ils n’auraient pas trouvé les éléments d’une guerre religieuse. Mais l’assemblée décréta que les ecclésiastiques jureraient d’être fidèles à la nation, à la loi et au roi, et de maintenir la constitution civile du clergé. Le refus de ce serment devait entraîner le remplacement des titulaires à leurs évêchés ou à leurs cures. L’assemblée espéra que le haut clergé par intérêt, ou le clergé inférieur par ambition, adhérerait à cette mesure. Les évêques crurent, au contraire, que tous les ecclésiastiques suivraient leur propre exemple, et qu’en refusant de jurer ils laisseraient l’état sans culte et le