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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

le commandement de la garde nationale ; ils perdirent encore la municipalité. La cour porta sur Pétion, candidat des Girondins, toutes les voix dont elle disposait. « M. de Lafayette, disait la reine à Bertrand de Molleville, ne veut être maire de Paris que pour être bientôt après maire du palais. Pétion est jacobin, républicain, mais c’est un sot incapable d’être jamais un chef de parti. » Pétion fut élu maire le 14 novembre, à la majorité de 6,708 voix sur 10,632 votants.

Les Girondins, en faveur desquels cette nomination devint décisive, ne se bornèrent point à l’acquisition de la mairie. La France ne pouvait pas demeurer plus longtemps dans cet état dangereux et provisoire ; les décrets qui justement ou non devaient pourvoir à la défense de la révolution, et qui avaient été rejetés par le roi, n’étaient remplacés par aucune mesure du gouvernement ; le ministère montrait une mauvaise volonté ou une incurie évidente. Aussi les Girondins accusèrent le ministre des relations extérieures, Delessart, de compromettre l’honneur et la sûreté de la nation par le ton de ses négociations avec les puissances étrangères, par ses lenteurs et son impéritie ; ils poursuivirent vivement aussi le ministre de la guerre, Du Portail, et celui de la marine, Bertrand de Molleville, comme ne mettant en défense ni les frontières, ni les côtes. La conduite des électeurs de Trêves, de Mayence et de l’évêque de Spire, qui favorisaient les attroupements militaires des émigrés, excitait surtout une profonde indignation nationale. Le comité diplomatique proposa de déclarer au roi que la nation verrait avec satisfaction qu’il requît les princes limitrophes de disperser dans trois semaines les attroupements, et qu’il rassemblât les forces nécessaires pour les contraindre à respecter le droit des gens. On voulait aussi, par cette démarche importante, faire prendre à Louis XVI un engagement solennel, et signifier à la diète de Ratisbonne, ainsi qu’à toutes les autres cours de l’Europe, les fermes intentions de la France.

Isnard monta à la tribune pour soutenir ce projet : « Élevons-nous, dit-il, dans cette circonstance, à toute la hauteur