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ASSEMBLÉE NATIONALE LÉGISLATIVE.

20 juin, des faubourgs Saint-Antoine et Saint-Marceau, et se dirigea vers l’assemblée.

Le procureur-syndic, Rœderer, vint le dénoncer à l’assemblée, et pendant ce temps les insurgés arrivèrent aux portes de la salle. Leurs chefs demandèrent à présenter une pétition et à défiler devant l’assemblée. De violents débats s’élevèrent entre la droite, qui ne voulait pas recevoir des pétitionnaires armés, et la gauche, qui, se fondant sur quelques usages, était d’avis de les admettre. Vergniaud déclara que l’assemblée blessait tous les principes en admettant dans son sein des rassemblements armés ; mais, s’expliquant sur les circonstances actuelles, il déclara aussi qu’il était impossible de refuser à celui qui se présentait, une permission accordée à tant d’autres. Il était difficile de ne pas se rendre aux désirs d’une multitude exaltée, immense, et secondée par la majorité des représentants. Le rassemblement se pressait déjà dans les corridors, lorsque l’assemblée décida que les pétitionnaires seraient admis à la barre. La députation fut introduite. Son orateur s’exprima dans un langage menaçant. Il dit que le peuple était debout ; qu’il était prêt à se servir de grands moyens, des moyens renfermés dans la déclaration des droits, résistance à l’oppression ; que les dissidents de l’assemblée, s’il y en avait, purgeassent la terre de la liberté, et se rendissent à Coblentz ; et puis, venant au véritable objet de cette pétition insurrectionnelle : « Le pouvoir exécutif, ajouta-t-il, n’est point d’accord avec vous ; nous n’en voulons d’autre preuve que le renvoi des ministres patriotes. C’est donc ainsi que le bonheur d’un peuple libre dépendra du caprice d’un roi ! Mais ce roi doit-il avoir d’autre volonté que celle de la loi ? Le peuple le veut ainsi, et sa tête vaut bien celle des despotes couronnés. Cette tête est l’arbre généalogique de la nation, et devant ce chêne robuste le faible roseau doit plier ! Nous nous plaignons, messieurs, de l’inaction de nos armées ; nous demandons que vous en pénétriez la cause : si elle dérive du pouvoir exécutif, qu’il soit anéanti ! »

L’assemblée répondit aux pétitionnaires qu’elle prendrait leur