Page:Mignet - Histoire de la Révolution française, 1838.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
ASSEMBLÉE NATIONALE LÉGISLATIVE.

royalistes, qui s’étaient présentés, armés de sabres, d’épées et de pistolets. Le commandant général de la garde nationale, Mandat, s’était rendu au château avec son état-major, pour le défendre : il avait donné ordre aux bataillons les plus attachés à la constitution de prendre les armes. Les ministres étaient aussi auprès du roi ; le syndic du département s’y était transporté le soir même, sur l’ordre du roi qui avait également mandé Pétion pour s’informer de l’état de Paris et pour obtenir l’autorisation de repousser la force par la force.

À minuit, les tocsins sonnent, la générale bat, les insurgés s’attroupent et s’enrégimentent ; les membres des sections cassent la municipalité, et nomment un conseil provisoire de la commune, qui se rend à l’Hôtel-de-Ville pour diriger l’insurrection. De leur côté, les bataillons de la garde nationale prennent la route du château, sont placés dans les cours ou aux principaux postes, avec la gendarmerie à cheval ; les canonniers occupent les avenues des Tuileries avec leurs pièces, tandis que les Suisses et des volontaires gardent les appartements. La défense est dans le meilleur état.

Cependant quelques députés, éveillés par le tocsin, s’étaient rendus dans la salle du corps législatif, et avaient ouvert la séance, sous la présidence de Vergniaud. Avertis que Pétion était aux Tuileries, et, croyant qu’il y était retenu et qu’il avait besoin d’être dégagé, ils le mandèrent à la barre de l’assemblée pour rendre compte de l’état de Paris. Sur cet ordre, il quitta le château : il parut devant l’assemblée où une députation vint le redemander, pensant aussi qu’il était prisonnier aux Tuileries. Il retourna avec cette députation à l’Hôtel-de-Ville, où il fut mis sous la garde de trois cents hommes par la nouvelle commune. Celle-ci, qui ne voulait pas d’autre autorité, dans ce jour de désordre, que les autorités insurrectionnelles, fit venir le matin de bonne heure, le commandant Mandat pour l’informer des dispositions prises au château. Mandat hésitait à obéir ; cependant, comme il ne croyait pas la municipalité renouvelée, et comme son devoir lui prescrivait de suivie ses ordres, il se rendit à l’Hôtel-de-Ville, à la seconde invitation