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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

des camps disposés dans l’intérieur, d’où on les faisait partir pour son armée, après qu’ils avaient reçu un commencement d’organisation. À la frontière de Flandre, Beurnonville avait reçu l’ordre de s’avancer avec neuf mille hommes, et d’être à Rhétel, sur la gauche de Dumouriez, le 13 septembre. Duval devait se rendre aussi le 7, avec sept mille hommes, au Chêne-Populeux ; enfin Kellermann venait de Metz, sur sa droite, avec vingt-deux mille hommes pour le renforcer. Il suffisait donc de gagner du temps.

Le duc de Brunswick, après s’être emparé de Verdun, passa la Meuse en trois colonnes. Le général Clairfait opérait sur sa droite, et le prince de Hohenlohe sur sa gauche. Désespérant de faire quitter ses positions à Dumouriez en l’attaquant de front, il essaya de le tourner. Dumouriez avait eu l’imprudence de placer toutes ses forces à Grandpré et aux Islettes, et de défendre faiblement le Chêne-Populeux et la Croix-au-Bois, qui, il est vrai, étaient des postes moins importants. Les Prussiens s’en emparèrent, et furent sur le point de le tourner dans son camp de Grandpré, et de lui faire mettre bas les armes. Après cette faute capitale, qui annulait ses premières manœuvres, il ne désespéra pas de sa situation. Il décampa en secret dans la nuit du 14 septembre, passa l’Aisne, dont on pouvait lui interdire l’accès, fit une retraite aussi habile que l’avait été sa marche sur l’Argone, et vint se concentrer dans le camp de Sainte-Menehould. Il avait déjà retardé dans l’Argone la marche des Prussiens ; la saison, en s’avançant, devenait mauvaise ; il n’avait plus qu’à se maintenir jusqu’à la jonction de Kellermann et de Beurnonville, et le succès de la campagne devenait assuré. Les troupes s’étaient aguerries, et l’armée s’éleva à environ soixante-dix mille hommes après l’arrivée de Beurnonville et de Kellermann, qui eut lieu le 17.

L’armée prussienne avait suivi les mouvements de Dumouriez. Le 20, elle attaqua Kellermann à Valmy, pour couper à l’armée française la retraite sur Châlons. La canonnade s’engagea vivement de part et d’autre. Les Prussiens se portèrent ensuite en colonnes sur les hauteurs de Valmy, afin de les