les proscrits. « Le comité s’adresse, dit Barrère, au patriotisme, à la générosité des membres accusés : il leur demande la suspension de leur pouvoir, en leur représentant que c’est la seule raison qui puisse faire cesser les divisions qui affligent la république, et y ramener la paix. » Quelques-uns d’entre eux adhérèrent à cette mesure. Isnard se suspendit lui-même ; Lanthénas, Dussaulx et Fauchet imitèrent son exemple ; Lanjuinais ne le suivit point. « J’ai, je crois, jusqu’à ce moment, montré quelque courage, dit-il ; n’attendez de moi ni suspension, ni démission. » Violemment interrompu : « Quand les anciens, ajouta-t-il, préparaient un sacrifice, ils couronnaient la victime de fleurs et de bandelettes, en la conduisant à l’autel : le prêtre l’immolait, mais il ne l’insultait pas. » Barbaroux fut aussi ferme que Lanjuinais. « J’ai juré, dit-il, de mourir à mon poste ; je tiendrai mon serment. » Les conjurés de la Montagne s’élevèrent eux-mêmes contre la proposition du comité. Marat prétendit qu’il fallait être pur pour faire des sacrifices, et Billaud-Varennes demanda le jugement des Girondins, et non leur suspension.
Pendant que ce débat avait lieu, un député de la Montagne, Lacroix, entre précipitamment dans la salle, s’élance à la tribune, déclare qu’il vient d’être insulté à la porte, qu’on l’a empêché de sortir, et que la convention n’est pas libre. Un grand nombre de Montagnards s’indignent contre Henriot et contre ses troupes. Danton dit qu’il faut venger vigoureusement la majesté nationale outragée. Barrère propose à la convention de se présenter au peuple : « Représentants, dit-il, ordonnez votre liberté, suspendez votre séance, faites baisser devant vous les baïonnettes qui vous entourent. » La convention entière se lève et se met en marche, précédée de ses huissiers, ayant en tête son président couvert en signe de détresse. Elle arrive à une issue qui donnait sur la place du Carrousel, et trouve Henriot à cheval le sabre à la main. « Que demande le peuple ? lui dit le président Hérault de Séchelles ; la convention n’est occupée que de son bonheur. — Hérault, répond Henriot, le peuple n’est pas levé pour entendre des