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CONVENTION NATIONALE.

de la plus extrême démocratie, avait besoin de la dictature la plus resserrée. La constitution fut suspendue aussitôt que faite, et l’on maintint, en le renforçant, le gouvernement révolutionnaire jusqu’à la paix.

Ce fut et pendant la discussion de la constitution et après son renvoi aux assemblées primaires que les Montagnards apprirent tous les dangers dont ils étaient menacés. Ayant à comprimer dans l’intérieur trois ou quatre partis, à terminer des guerres civiles de plusieurs genres, à réparer les désastres des armées et à repousser l’Europe entière, ces hommes hardis ne s’épouvantèrent pas de leur position. Les représentants des quarante-quatre mille municipalités vinrent accepter la constitution. Admis à la barre de l’assemblée, après avoir fait connaître le consentement du peuple, ils demandèrent l’arrestation de tous les gens suspects, et la levée en masse du peuple. — « Eh bien ! s’écria Danton, répondons à leur vœu ! Les députés des assemblées primaires viennent d’exercer parmi nous l’initiative de la terreur ! Je demande que la convention, qui doit être maintenant pénétrée de toute sa dignité, car elle vient d’être revêtue de toute la force nationale ; je demande que, par un décret, elle investisse les commissaires des assemblées primaires du droit de dresser l’état des armes, des subsistances, des munitions, de faire un appel au peuple, d’exciter l’énergie des citoyens, et de mettre en réquisition quatre cent mille hommes. C’est à coups de canon qu’il faut signifier la constitution à nos ennemis ! C’est l’instant de faire ce grand et dernier serment, que nous nous vouons tous à la mort, ou que nous anéantirons les tyrans ! » Le serment fut aussitôt prêté par tout ce qu’il y avait de députés et de citoyens dans la salle. Peu de jours après, Barrère, au nom du comité de salut public, qui fut révolutionnairement composé, qui devint le centre des opérations et le gouvernement de l’assemblée, proposa des mesures plus générales encore : « La liberté, dit-il, est devenue créancière de tous les citoyens ; les uns lui doivent leur industrie, les autres leur fortune ; ceux-ci leurs conseils,