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CONVENTION NATIONALE.

Chaumette et son substitut Hébert étaient ses chefs politiques ; Ronsin, commandant de l’armée révolutionnaire, son général ; l’athée Anacharsis Clootz, son apôtre. Elle s’appuyait dans les sections sur les comités révolutionnaires, dans lesquels se trouvaient beaucoup d’étrangers obscurs qu’on supposait, non sans vraisemblance, agents de l’Angleterre pour perdre la république en poussant à l’anarchie et aux excès. Le club des Cordeliers n’était composé que de ses partisans. Les vieux Cordeliers de Danton, qui avaient contribué si puissamment au 10 août, et qui avaient formé la commune de cette époque, étaient entrés dans le gouvernement, dans la convention, et ils avaient été remplacés dans le club par des membres qu’ils appelaient avec mépris, des patriotes de la troisième réquisition.

La faction d’Hébert qui popularisait dans le Père Duchêne l’obscénité du langage, les sentiments bas et cruels, et qui mêlait la dérision pour les victimes aux exécutions de parti, fit en peu de temps des progrès redoutables. Elle força l’évêque de Paris et ses vicaires à abjurer le christianisme à la barre de la convention, et la convention à décréter que le culte catholique serait remplacé par le culte de la Raison. Les églises furent fermées, ou transformées en temples de la Raison, et l’on établit dans toutes les villes des fêtes qui furent de scandaleuses scènes d’athéisme. Le comité de salut public fut alarmé de la puissance de cette faction ultra-révolutionnaire, et il s’apprêta à l’arrêter et à la détruire. Robespierre l’attaqua bientôt (le 15 frimaire an II, 5 décembre 1793) à la tribune de l’assemblée. « Citoyens représentants du peuple, les rois coalisés contre la république nous font la guerre avec des armées, avec des intrigues ; et nous opposerons à leurs armées des armées plus braves, et à leurs intrigues la vigilance et la terreur de la justice nationale. Toujours attentifs à renouer les fils de leurs trames secrètes à mesure qu’ils sont rompus par la main du patriotisme, toujours habiles à tourner les armes de la liberté contre la liberté même, les émissaires des ennemis de la France travaillent aujourd’hui