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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

à renverser la république par le républicanisme, et à rallumer la guerre civile par la philosophie. » Il associa les ultra-révolutionnaires de la commune aux ennemis extérieurs de la république. « Vous avez, dit-il à la convention, à empêcher les extravagances et les folies qui coïncident avec les plans de la conspiration étrangère. Je demande que vous défendiez aux autorités particulières (à la commune) de servir nos ennemis par des mesures irréfléchies, et qu’aucune force armée ne puisse s’immiscer dans ce qui appartient aux opinions religieuses. » Et la convention, qui avait forcément applaudi aux abjurations sur la demande de la commune, décréta, sur la demande de Robespierre, que toutes violences et mesures contraires à la liberté des cultes étaient défendues.

Le comité de salut public était trop fort pour ne pas triompher de la commune ; mais il avait à résister en même temps au parti modéré de la Montagne, qui demandait la cessation du gouvernement révolutionnaire et la dictature des comités. Le gouvernement révolutionnaire n’avait été créé que pour comprimer, la dictature que pour vaincre ; et comme la compression et la victoire ne paraissaient plus nécessaires à Danton et à son parti, ils cherchèrent à rétablir l’ordre légal et l’indépendance de la convention ; ils voulurent abattre la faction de la commune, arrêter l’action du tribunal révolutionnaire, vider les prisons remplies de suspects, réduire les pouvoirs des comités, ou les dissoudre. Ce projet de clémence, d’humanité et de gouvernement légal, fut conçu par Danton, Philippeaux, Camille-Desmoulins, Fabre-d’Églantine, Lacroix, le général Westermann et tous les amis de Danton. Ils voulaient avant tout que la république s’assurât du champ de bataille ; mais, après avoir vaincu, ils voulaient qu’on pacifiât.

Ce parti, devenu modéré, s’était dessaisi du pouvoir ; il avait abandonné le gouvernement, ou s’en était laissé exclure par le parti de Robespierre. D’ailleurs, depuis le 31 mai, la conduite de Danton paraissait équivoque aux patriotes exaltés.