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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

étendus contre les conspirateurs de la commune ; il fit décréter que la justice et la probité étaient à l’ordre du jour. Les anarchistes ne surent prendre aucune mesure de défense ; ils voilèrent un moment les droits de l’homme au club des Cordeliers, et ils essayèrent un commencement d’insurrection, mais sans vigueur et sans concert. Le peuple ne remua point, et le comité fit saisir, par son commandant Henriot, le substitut Hébert, le général révolutionnaire Ronsin, Anacharsis Clootz, l’orateur du genre humain Monmoro, Vincent, etc. On les conduisit devant le tribunal révolutionnaire, comme agents de l’étranger et comme ayant conspiré pour donner un tyran à l’état. Ce tyran devait être Pache, sous le nom de grand-juge. Dès que les chefs anarchistes furent pris, leur audace les abandonna ; ils se défendirent et moururent la plupart sans courage. Le comité de salut public cassa l’armée révolutionnaire, diminua les attributions des comités sectionnaires, et força la commune à venir à la convention lui rendre grâces de l’arrestation et du supplice des conjurés ses complices.

Il était temps que Danton se défendît ; la proscription, après avoir atteint la commune, approchait de lui. On lui conseillait de se mettre en garde et d’agir ; mais, n’ayant pas pu ruiner le pouvoir dictatorial en relevant l’opinion et l’assemblée au moyen des journalistes et des Montagnards ses amis, sur quoi pouvait-il s’appuyer ? La convention penchait bien pour lui et sa cause ; mais elle était asservie à la puissance révolutionnaire des comités. Danton n’ayant ni le gouvernement, ni l’assemblée, ni la commune, ni les clubs, attendit la proscription sans rien faire pour l’éviter.

Ses amis le conjuraient de se défendre : « J’aime mieux, répondait-il, être guillotiné que guillotineur ; d’ailleurs ma vie n’en vaut pas la peine, et l’humanité m’ennuie. — Les membres du comité cherchent ta mort. — Eh bien ! (entrant en colère) si jamais... si Billaud... si Robespierre... ils seront exécrés comme des tyrans ; on rasera la maison de Robespierre ; on y sèmera du sel ; on y plantera un poteau