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CONVENTION NATIONALE.

le comité et adoptées par la convention, sur l’exaltation du temps, sur la défense de la république et la nécessité du salut. Leurs anciens collègues portèrent témoignage en leur faveur et voulurent faire cause commune avec eux. Les Crétois (c’est ainsi qu’on appelait alors les débris de la Montagne) les soutinrent vivement aussi. Il y avait neuf jours qu’on instruisait leur procès, et que chaque séance était consacrée à les accuser et à les entendre. Les sections des faubourgs étaient très agitées. Les rassemblements, qui duraient depuis le 1er germinal, se multiplièrent le 12, et il y eut une nouvelle émeute pour suspendre le jugement que la première n’avait pas pu prévenir. Les agitateurs, plus nombreux, plus hardis cette fois, forcèrent la garde de la convention, et pénétrèrent dans son enceinte, portant, écrits sur leurs chapeaux avec de la craie, ces mots : Du pain, la constitution de 93, la liberté des patriotes. Un grand nombre de députés de la Crête se déclara en leur faveur ; les autres, consternés au milieu du tumulte et du désordre de cette invasion populaire, attendirent que les sections intérieures vinssent les délivrer. Il n’y avait plus de délibération. Le tocsin, qu’on avait enlevé à la commune depuis sa défaite, et qui avait été placé sur le sommet des Tuileries où siégeait la convention, sonnait l’alarme ; le comité faisait battre la générale. Dans peu de temps, les citoyens des sections les plus voisines se réunirent, marchèrent en armes au secours de la convention et la dégagèrent une seconde fois. Elle condamna à la déportation les prévenus qui servaient de prétexte au soulèvement, et décréta d’arrestation dix-sept membres de la Crête, qui, s’étant montrés favorables aux insurgés, pouvaient être regardés comme leurs complices. Parmi eux étaient Cambon, Ruamps, Léonard Bourdon, Thuriot, Chasle, Amar et Lecointre, qui depuis la rentrée des Girondins était redevenu Montagnard. Le lendemain, les déportés et les détenus furent conduits au château de Ham.

La journée du 12 germinal ne décida rien. Les faubourgs avaient été repoussés sans avoir été vaincus ; et pour qu’un parti finisse entièrement, il faut qu’une défaite décisive lui en-