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CONVENTION NATIONALE.

Les événements de prairial et la défaite du parti jacobin avaient décidé le mouvement contre-révolutionnaire. À cette époque, la réaction qui avait été conduite par les républicains modérés devint généralement royaliste. Les partisans de la monarchie étaient encore aussi divisés qu’ils l’avaient été depuis l’ouverture des états-généraux jusqu’au 10 août. Dans l’intérieur, les anciens constitutionnels qui avaient leur siège dans les sections, et qui se composaient de la classe moyenne riche, n’entendaient pas la monarchie comme les royalistes absolus. Ils éprouvaient toujours la rivalité et l’éloignement d’intérêt, naturels à des bourgeois contre des privilégiés. Les royalistes absolus eux-mêmes n’étaient pas d’accord : le parti qui s’était battu dans l’intérieur sympathisait peu avec celui qui s’était enrôlé dans les armées de l’Europe. Mais, outre les dissidences qui existaient entre les Vendéens et les émigrés, il en existait aussi entre les émigrés d’après la date de leur sortie de France. Cependant tous ces royalistes d’opinions diverses, n’ayant pas à débattre encore le prix de la victoire, s’entendirent pour attaquer en commun la convention. Les émigrés, et les prêtres, qui depuis quelques mois étaient rentrés en grand nombre, prirent la bannière des sections, bien certains, s’ils l’emportaient au moyen de la classe moyenne, d’établir leur propre gouvernement ; car ils avaient un chef et un but précis, ce que les sectionnaires n’avaient point.

Cette réaction d’un nouveau caractère fut contenue pendant quelque temps à Paris, où la convention, puissance neutre et forte, voulait empêcher également les violences et les usurpations des deux partis. Tout en détruisant la domination des Jacobins, elle réprimait les vengeances des royalistes. Ce fut alors que la plus grande partie de la troupe dorée déserta sa cause, que les meneurs des sections préparèrent la bourgeoisie à combattre l’assemblée, et que la confédération des journalistes succéda à celle des Jacobins. La Harpe, Richer de Serizy, Poncelin, Tronçon du Coudray, Marchéna, etc., se firent les organes de cette nouvelle opinion et furent les clubistes lettrés. Les troupes actives quoique irrégulières de ce