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CONVENTION NATIONALE.

peu leurs desseins, avaient adopté l’uniforme des chouans.

La convention, voyant grossir l’orage, chercha son soutien dans l’armée, qui était alors la classe républicaine, et elle forma un camp sous Paris. Le peuple avait été licencié, et les royalistes s’étaient emparés de la bourgeoisie. Sur ces entrefaites, les assemblées primaires se réunirent, le 20 fructidor, pour délibérer sur l’acte constitutionnel et sur les décrets des deux tiers, qui devaient être adoptés ou rejetés ensemble. La section Lepelletier (anciennement Filles-Saint-Thomas) fut le centre de toutes les autres. Sur sa proposition, on décida que les pouvoirs de toute autorité constituante cessaient en présence du peuple assemblé. La section Lepelletier, dirigée par Richer-Serizy, La Harpe, Lacretelle jeune, Vaublanc, etc., s’occupa d’organiser le gouvernement insurrectionnel, sous le nom de comité central. Ce comité devait remplacer en vendémiaire, contre la convention, le comité du 10 août contre le trône, et du 31 mai contre les Girondins. La majorité des sections adopta cette mesure, qui fut cassée par la convention, dont le décret fut cassé à son tour par la majorité des sections. La lutte devint tout à fait ouverte ; et, dans Paris, l’on sépara l’acte constitutionnel, qui fut adopté, des décrets de réélection, que l’on rejeta.

Le 1er vendémiaire, la convention proclama l’acceptation des décrets par le plus grand nombre des assemblées primaires de France. Les sections se réunirent de nouveau pour nommer les électeurs qui devaient choisir les membres de la législature. Le 10, elles arrêtèrent que les électeurs s’assembleraient au Théâtre-Français (il se trouvait alors au-delà des ponts) ; qu’ils y seraient conduits par la force armée des sections, après avoir juré de les défendre jusqu’à la mort. En effet, le 11, les électeurs se constituèrent sous la présidence du duc de Nivernois, et sous la garde de quelques détachements de chasseurs et de grenadiers.

La convention, avertie par le danger, se mit en permanence, appela autour de son enceinte les troupes du camp des Sablons, et concentra ses pouvoirs dans un comité de cinq