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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

membres, qui fut chargé de toutes les mesures de salut public. Ces membres étaient Colombel, Barras, Daunou, Letourneur et Merlin de Douai. Depuis quelque temps, les révolutionnaires n’étaient plus à craindre, et l’on avait relâché tous ceux qui avaient été emprisonnés pour les événements de prairial. On enrégimenta, sous le nom de Bataillon des Patriotes de 89, environ quinze ou dix-huit cents d’entre eux, qui avaient été poursuivis, dans les départements ou à Paris, par les réactionnaires. Le 11 au soir, la convention envoya dissoudre, par la force, l’assemblée des électeurs, qui s’était déjà séparée en s’ajournant au lendemain.

Dans la nuit du 11, le décret qui dissolvait le collège des électeurs, et qui armait le bataillon des patriotes de 89, excita la plus grande agitation. On battit la générale ; la section Lepelletier tonna contre le despotisme de la convention, contre le retour de la terreur, et, pendant toute la journée du 12, elle disposa les autres sections à combattre. Le soir, la convention, non moins agitée elle-même, se décida à prendre l’initiative, à cerner la section conspiratrice, et à finir la crise en la désarmant. Le général de l’intérieur Menou et le représentant Laporte furent chargés de cette mission. Le chef-lieu des sectionnaires était au couvent des Filles-Saint-Thomas, devant lequel ils avaient environ sept ou huit cents hommes en bataille. Ils furent cernés par des forces supérieures, en flanc par les boulevards, et en face du côté de la rue Vivienne. Au lieu de les désarmer, les chefs de l’expédition parlementèrent avec eux. Il fut convenu qu’on se retirerait de part et d’autre ; mais, à peine les troupes conventionnelles furent-elles parties, que les sectionnaires revinrent en force. Ce fut pour eux une véritable victoire, qui fut exagérée dans Paris, comme il arrive toujours, qui exalta leurs partisans, augmenta leur nombre et leur donna le courage d’attaquer la convention le lendemain.

Celle-ci apprit, à onze heures du soir, l’issue de cette expédition, et le dangereux effet qu’elle avait produit. Aussitôt elle destitua Menou, et donna le commandement de la force armée