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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

doit être cette volonté bien prononcée, cette foi patriotique qui a fait aussi ses heureux enthousiastes et produit ses miracles. Tout sera fait quand, par vos soins, ce sincère amour de la liberté, qui sanctifia l’aurore de la révolution, viendra ranimer le cœur de tous les Français. Les couleurs de la liberté flottant sur toutes les maisons, la devise républicaine écrite sur toutes les portes, présentent sans doute un spectacle bien intéressant. Obtenez davantage : avancez le jour où le nom sacré de la république sera gravé volontairement dans tous les cœurs. »

Dans peu de temps, la conduite ferme et sage du nouveau gouvernement rétablit la confiance, le travail, le commerce, l’abondance. La circulation des subsistances fut assurée, et, au bout d’un mois, le directoire se déchargea de l’approvisionnement de Paris, qui se fit tout seul. L’immense activité, créée par la révolution, commença à se porter vers l’industrie et l’agriculture. Une partie de la population quitta les clubs et les places publiques, pour les ateliers et les champs : alors se ressentit le bienfait d’une révolution qui, ayant détruit les corporations, morcelé la propriété, aboli les priviléges, quadruplé les moyens de civilisation, devait rapidement produire un bien-être prodigieux en France. Le directoire favorisa ce mouvement de travail par des institutions salutaires. Il rétablit les expositions publiques de l’industrie et perfectionna le système d’instruction décrété sous la convention. L’institut national, les écoles primaires, centrales et normales, formèrent un ensemble d’institutions républicaines. Le directeur Larévellière, chargé de la partie morale du gouvernement, voulut alors fonder, sous le nom de Théophilanthropie, le culte déiste, que le comité de salut public avait inutilement essayé d’établir par la fête à l’Être Suprême. Il lui donna des temples, des chants, des formules et une sorte de liturgie : mais une pareille croyance ne pouvait qu’être individuelle, et ne pouvait pas longtemps rester publique. On se moqua beaucoup des théophilanthropes, dont le culte contrariait les opinions politiques et l’incrédulité des révolutionnaires. Aussi, dans le