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DIRECTOIRE EXÉCUTIF.

invasions. Cette armée avait jusque-là battu le flanc de Alpes. Elle était dénuée de tout, à peine forte de trente mille hommes : mais elle était bien pourvue de courage, de patriotisme, et c’est par ce moyen que Bonaparte commença dès lors cette grande surprise des hommes qui lui a réussi vingt ans. Il leva les cantonnements et s’engagea dans la vallée de Savone pour déboucher en Italie entre les Apennins et les Alpes. Il y avait devant lui quatre-vingt-dix mille coalisés, placés au centre, sous d’Argentan ; à la gauche, sous Colli ; à la droite, sous Beaulieu. Cette armée immense fut dispersée en quelques jours par des prodiges de génie et de courage. À Montenotte, Bonaparte culbuta le centre ennemi et pénétra dans le Piémont ; à Millesimo, il sépara définitivement l’armée sarde de l’armée autrichienne ; elles coururent défendre Turin et Milan, capitales de leur domination. Avant de poursuivre les Autrichiens, le général républicain se jeta sur la gauche pour en finir avec l’armée sarde ; à Mondovi, le sort du Piémont fut décidé, et la cour de Turin épouvantée se hâta de se soumettre. On conclut à Chérasque un armistice, qui fut bientôt suivi de la paix, signée à Paris le 18 mai 1796, entre la république et le roi de Sardaigne, qui céda la Savoie et les comtés de Nice et de Tende. L’occupation d’Alexandrie, qui ouvre le pays lombard ; la démolition des forteresses de Suze et de la Brunette, sur les revers de la France ; l’abandon du comté de Nice, de la Savoie ; la disponibilité de l’autre armée des Alpes sous Kellermann, furent le prix de quinze jours de campagne et de six victoires.

La guerre finie avec le Piémont, Bonaparte marcha contre l’armée autrichienne, à laquelle il ne laissa plus de relâche. Il passa le Pô à Plaisance, et l’Adda à Lodi. Cette dernière victoire lui ouvrit les portes de Milan et lui valut la possession de la Lombardie. Le général Beaulieu fut poussé dans les gorges du Tyrol par l’armée républicaine, qui investit Mantoue et parut sur les montagnes de l’empire. Le général Wurmser vint alors remplacer Beaulieu, et une nouvelle armée se joignit aux débris de l’armée vaincue. Wurmser s’a-