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RÉVOLUTION FRANÇAISE.

vança pour délivrer Mantoue et reporter en Italie le champ de bataille ; mais il fut écrasé, comme ses prédécesseurs, par Bonaparte, qui, après avoir levé le blocus de Mantoue afin de s’opposer à ce nouvel ennemi, le recommença avec plus de vigueur, et reprit ses positions du Tyrol. Le plan d’invasion s’exécutait avec beaucoup d’accord et de succès. Tandis que l’armée d’Italie menaçait l’Autriche par le Tyrol, les deux armées de la Meuse et du Rhin s’avançaient dans l’Allemagne ; Moreau, appuyé sur Jourdan par sa gauche, était près de joindre Bonaparte par sa droite. Ces deux armées avaient passé le Rhin à Neuwied et à Strasbourg, et elles s’étaient avancées sur un front échelonné de soixante lieues, en repoussant l’ennemi qui, tout en reculant devant elles, essayait d’arrêter leur marche et d’entamer leur ligne. Elles avaient presque atteint le but de leur entreprise : Moreau était entré dans Ulm, dans Augsbourg, avait passé le Leck, et son avant-garde touchait au derrière des gorges du Tyrol, lorsque Jourdan, qui était en mésintelligence avec lui, dépassa la ligne, fut entamé par l’archiduc Charles, et se mit en pleine retraite. Moreau, découvert sur son flanc gauche, fut réduit à revenir sur ses pas, et c’est alors qu’il exécuta sa mémorable retraite. La faute de Jourdan fut capitale : elle empêcha l’accomplissement de ce vaste plan de campagne et donna du répit à la monarchie autrichienne.

Le cabinet de Vienne, qui avait perdu la Belgique dans cette guerre, et qui sentait l’importance de la conservation de l’Italie, la défendit avec la dernière obstination. Wurmser, après une nouvelle défaite, fut forcé de se jeter dans Mantoue avec les débris de son armée. Le général Alvinzi, à la tête de cinquante mille Hongrois, vint essayer encore la fortune, et ne fut pas plus heureux que Beaulieu et que Wurmser. De nouvelles victoires ajoutèrent aux prodiges déjà opérés par l’armée d’Italie, et assurèrent sa conquête. Mantoue capitula ; et les troupes républicaines, maîtresses de l’Italie, prirent à travers les montagnes la route de Vienne. Bonaparte avait en tête le prince Charles, dernier espoir de l’Autriche. Il fran-