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CONSULAT.

net britannique n’avait éprouvé que le besoin d’une suspension d’armes ; et il prépara, peu après le traité d’Amiens, une troisième coalition, ainsi qu’il l’avait fait après le traité de Campo-Formio et au moment du congrès de Rastadt. L’intérêt et la situation de l’Angleterre devaient seuls amener une rupture que précipitèrent les réunions d’états opérées par Bonaparte, et l’influence qu’il conservait sur les républiques voisines, appelées à une indépendance complète d’après les derniers traités. Bonaparte, à son tour, ne respirant que la gloire des champs de bataille, voulant agrandir la France par des conquêtes, et achever sa propre élévation par des victoires, ne pouvait pas se condamner au repos : il lui fallait la guerre puisqu’il n’avait pas voulu la liberté.

Les deux cabinets échangèrent quelque temps des notes diplomatiques fort aigres. Lord Witworth, ambassadeur d’Angleterre, finit par quitter Paris le 25 floréal an XI ( 15 mai 1803). La paix fut définitivement rompue : de part et d’autre on se prépara à la guerre. Le 26 mai, les troupes françaises entrèrent dans l’électorat de Hanovre. L’empire germanique à la veille d’expirer, n’y mit aucun obstacle. Le parti des chouans émigrés, qui n’avait rien entrepris depuis la machine infernale et la paix continentale, fut encouragé par cette reprise d’hostilités. L’occasion lui parut favorable, et il ourdit à Londres, du consentement du cabinet britannique, une conspiration, à la tête de laquelle furent Pichegru et Georges Cadoudal. Les conjurés débarquèrent secrètement sur les côtes de France, et se rendirent tout aussi secrètement à Paris. Ils s’abouchèrent avec le général Moreau, que sa femme avait entraîné dans le parti royaliste. Mais au moment où ils s’apprêtaient à exécuter leur coup de main, la plupart d’entre eux furent arrêtés par la police, qui avait découvert leur complot et suivi leurs traces. Georges fut puni de mort ; on trouva Pichegru étranglé dans sa prison, et Moreau fut condamné à deux ans de détention, qui se changèrent en bannissement.

Cette conspiration, découverte au milieu de février 1804, rendit encore plus chère à la masse du peuple la personne me-