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HISTOIRE DE LA RESTAURATION.

et menaçantes imprécations. Déjà le roi avait prononcé des paroles gracieuses, lorsque, sur le rapport des princesses, et sur les vives instances de MM. de Villèle et de Corbière, il crut devoir venger les membres offensés de sa famille et de son conseil ; mais il ne distingua point les innocents des coupables, et les confondit dans un châtiment inconsidéré : le lendemain de cette revue, Paris apprit avec stupeur que sa garde nationale était dissoute. La presse éclata en menaces ; elle fut enchaînée aussitôt après la session par la censure arbitrairement rétablie : une violente opposition contre cette imprudente ordonnance de dissolution se manifesta dans la chambre des pairs, et gagna même celle des députés, où chaque jour grandissait une minorité hostile aux ministres : déjà un grand nombre des membres appartenant à toutes les opinions avaient déclaré que, bien qu’une loi eût consacré la septennalité de la législature, ils n’avaient cependant reçu de leurs commettants un mandat que pour cinq ans, et ne pourraient en conséquence siéger plus longtemps à la chambre : M. de Villèle songeait d’ailleurs à assurer la durée de son pouvoir et l’exécution de ses projets par une nouvelle chambre septennale encore plus docile à ses volontés ; il consulta les préfets sur l’esprit de leurs départements, et recueillit, par leurs réponses, le fruit de l’esprit de servilité qu’il exigeait dans les fonctionnaires publics. Presque tous furent d’accord pour lui garantir des élections favorables à son système. Fort de ces assurances, il n’hésita plus, et, en novembre 1827, parurent les ordonnances par lesquelles la chambre des députés était dissoute, les collèges électoraux convoqués, et soixante seize pairies créées, la plupart en faveur des membres de la majorité de l’ancienne chambre et des grands propriétaires que leur fortune seule recommandait au choix royal.

La presse, d’après le texte formel de la loi, redevenait libre aussitôt que la dissolution de la chambre était prononcée : son énergique et active influence, ainsi que la vigilance des électeurs, triomphèrent, cette fois des frauduleuses manœuvres de l’administration. À Paris, toutes les élections furent libéra-