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sans cesse, et que, dans l’autre, il déclinait en s’immobilisant à jamais. D’après lui, il en est du droit d’un peuple comme de sa langue il procède tout d’abord de la position, de l’état, des instincts fondamentaux de ce peuple, sans aucun travail réfléchi de sa pensée, sans aucune violence faite à ses habitudes, sans aucune contrainte introduite dans ses rapports. Il est l’œuvre de tout le monde. Dans la condition primitive des peuples, le droit est coutumier ; puis, à mesure que les rapports sociaux s’étendent, de l’état de coutume il passe à l’état de loi, par une élaboration successive qui le perfectionne sans l’abstraire, l’agrandit sans l’affaiblir, le fixe sans l’arrêter. Dans un progrès continu, la loi améliore alors la coutume, et la science ajoute incessamment à la loi ; tandis qu’un code mutile le droit en l’enfermant pour toujours dans des cadres resserrés, et paralyse sa vie en suspendant sa marche.

Telle est la théorie de M. de Savigny, qui, sévère à l’égard des deux codes donnés à l’Autriche et à la Prusse vers la fin du dernier siècle par Marie-Thérèse et Frédéric II, injuste même à l’égard du code que la France avait depuis peu reçu de Napoléon, en cela représentant civil d’une