Page:Milliet - Une famile de républicains fouriéristes, 1915.djvu/54

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Quand j'entendis la fusillade,
Ô Liberté, rempli d'espoir,
Je montai sur la barricade,
Afin de mieux t'apercevoir.
Blessé, pas une main amie,
Hélas, ne s'étendit vers moi.
Liberté, rêve de ma vie.
Il est doux de souffrir pour toi.

On me garrotte, on m'emprisonne,
On m'exile sans jugement.
Plus tard, l'espérance rayonne,
La France nomme un président.
Il avait promis l'amnistie,
Hélas, il mentait comme un roi.
Liberté, rêve de ma vie,
Il est doux de souffrir pour toi.

Une fièvre ardente me mine,
Bientôt je ne souffrirai plus.
Voilà que la brise marine
S'élève, on sonne l'angélus.
C'est le glas de mon agonie ;
Ô Mort ! Je te vois sans effroi.
Liberté, rêve de ma vie,
Il est doux de mourir pour toi.


Un sentiment analogue est exprimé dans une autre chanson qui a pour refrain : Gloire aux martyrs. honte aux bourreaux ! Voilà le cri du peuple en France. Bien avant que Zola eût écrit son beau roman intitulé Travail. F. Milliet voulut attirer 1 attention sur une des plus criantes injustices sociales. Un capitaliste, dont la fortune n’a pas toujours une source très pure, achète, par exemple, quelques actions des mines d’Anzin. De ce fait, ses descendants seront à jamais exemptés de tout effort, tandis qu’une famille d’honnêtes ouvriers naura aucune part dans la plus-value que son travail aura produite. Elle verra ses enfants, affaiblis par la misère, s’étioler par la prolongation de travaux excessifs et insalubres.


LE MINEUR

Enfant conçu dans le délire
D'un mutuel et saint amour,
Pour lui commence le martyre
Avant d'avoir reçu le jour,
Et, dès le ventre de sa mère,
Déjà marqué d'un sceau fatal,
Il trouve au bout de sa carrière
La froide morgue ou l'hôpital.

Travaille, travaille, travaille !
Loin du soleil qui luit si beau,
Travaille, travaille, travaille !
Dans la mine, sombre tombeau.