Page:Milosz - Poèmes, 1929.djvu/99

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Où l’on devient par la toute-puissance de l’affirmation — quoi donc ? — cela même que l’on affirme.

C’est ainsi que les mille corps de l’esprit se révèlent aux sens vertueux.

Monter d’abord ! sacrilègement ! jusqu’à la plus démente des affirmations !

Et puis descendre, d’échelon en échelon, sans regret, sans larme, avec une joyeuse confiance, avec une royale patience.

Jusqu’à cette boue où tout est déjà contenu avec une évidence si terrible et par une nécessité si sainte ! Par une nécessité sainte, sainte, sainte en vérité ! Alléluia !

Et qui parle ici de surprise ? il est encore une surprise dans l’apparition inattendue à travers les ombres d’une porte d’antique cité

D’un lointain de mer avec sa sainte lumière et ses voiles heureuses.

Mais dans la naissance d’un sens nouveau et d’un sens qui servira l’esprit de la science vraie, de la science amoureuse, il n’est plus de surprise.

C’est la coutume dans nos hauteurs d’accueillir toute nouveauté comme une épouse retrouvée après le temps et pour toujours.

Ainsi me fut révélée la relation de l’œuf solaire à l’âme de l’or terrestre.

Et ceci est la prière efficace où doit s’abîmer l’opérateur :

Entretiens en moi l’amour de ce métal que colore ton regard, la connaissance de cet or qui est un miroir du monde des archétypes

Afin que je dépense sans mesure tout mon cœur à ce jeu solaire de l’affirmation et du sacrifice.