Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/100

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couépémayou sur leurs talons. Les chasseurs faisaient feu dès qu’ils avaient pu recharger leurs fusils, mais ils tiraient au hasard et manquaient leur but. Cheadle, plus maître de lui, blessa grièvement un des animaux qui fit un bond de côté ; alors il se mêla avec les autres dans la poursuite. Quant à La Ronde, il était profondément dégoûté. Il déclara qu’il s’arrêterait ici, et que jamais plus il ne conduirait chasser le bison un homme qui avait des absences d’esprit. Il conta qu’il était resté plus d’une demi-heure à attendre le coup de fusil de Cheadle ; que, dans son impatience, il avait sifflé doucement ; qu’alors un des buffles se levant avait présenté une excellente occasion à Cheadle, dont celui-ci n’avait pas profité. Il avait donc encore attendu, puis il avait agité en l’air son bonnet pour donner le signal du feu ; le tout inutilement. Enfin, de rage et de désespoir, il avait sauté en pied et avait poussé les cris ci-dessus rapportés.

Un court repos leur ayant rendu quelque tranquillité d’esprit, ils se remirent en marche, et bientôt ils découvrirent un nouveau troupeau de douze bêtes, occupées à paître en pleine tranquillité. On avait déjà ramassé assez de viande, et il fut convenu qu’on réserverait ce coup au jeune garçon. Miscouépémayou se glissa donc jusqu’aux bisons, et les deux autres se mirent en embuscade pour tirer quand le troupeau passerait. Mais le jeune chasseur ne toucha rien et la bande galopa dans une direction contraire à celle où était l’affût.

C’était un jour de malheur, mais La Bonde disait : « Essayons encore ! » La dernière bande, qui n’avait pas tout à fait découvert ses ennemis, se contenta d’aller un mille plus loin et se remit paisiblement à paître en marchant. Ceux qui la poursuivaient, tantôt couraient à toutes jambes quand ils n’étaient pas en vue, tantôt rampaient pendant des milles entiers, dans les endroits découverts. Mais toujours, quand ils arrivaient, ils voyaient que les animaux venaient de s’éloigner de l’endroit où on les cherchait. Pourtant ils finirent par réussir à se cacher der-