aisément à comprendre les longs récits de chasse que Kînémontiayon venait dans notre hutte conter à nos veillées. La scène qu’il décrivait, il la mettait en action presque entière ; mouvements du gibier, approches dérobées du chasseur, acte de coucher en joue, de tirer, le cri de l’animal, le bruit de sa chute, et la poursuite : tout était reproduit à mesure que le récit se déroulait.
Nous étions convenus avec Kînémontiayou que nous partirions ensemble dans quelques jours pour les plaines. Nous voulions faire une visite à un petit camp de Cries des Bois qui, nous disait-on, avaient chassé le bison, à quatre-vingts milles de nous.
Le soir du dernier jour de l’année, nous ne laissâmes pourtant pas que d’être étonnés en voyant arriver non-seulement le Chasseur mais Kékêkouarsis, tous deux en compagnie de leurs femmes, de leurs enfants et de leurs parents. Ils avaient l’air très-contents d’eux-mêmes et nous adressaient force compliments. Après s’être assis tranquillement, ils se mirent à fumer. Évidemment ils avaient l’intention de demeurer quelque temps avec nous. L’étroitesse extrême de notre chambre nous rendait incommode la réception d’un si grand nombre de visiteurs ; mais il fallut nous résigner à prendre patience, car nous ne pûmes rien comprendre à leurs explications.
Le lendemain matin, nous commentâmes à voir clair dans leurs projets. Au point du jour, les hommes se levèrent et tirèrent de nombreux coups de fusil en l’honneur de la nouvelle année. Ensuite eut lieu une ronde de poignées de mains générale, puis on embrassa les femmes et les enfants. Nous n’eûmes pourtant pas la galanterie de nous prêter à cette dernière partie du cérémonial. Enfin nous apprîmes que l’usage autorise ceux qui n’ont rien pour célébrer la fête à rendre visite à ceux de leurs amis qui sont dans l’abondance, et nos voisins avaient pensé qu’ils n’avaient rien de mieux à faire que