Page:Milton - Cheadle - Voyage de l’Atlantique au Pacifique.djvu/126

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de venir chez nous. Leur arrivée nous fit donc hâter notre départ. Nous nous mîmes en route avec Kinémontiayou et son fils, laissant le vieux Kékékouarsis et les femmes garder la maison jusqu’à notre retour. Nous emmenions les deux traîneaux à chiens et nous voyagions chaussés de nos raquettes ; car nous ne pouvions plus faire un pas sans elles. Depuis quelque temps, nous nous en étions servis pour parcourir de petites distances et, tout en trouvant d’abord qu’elles rendaient extrêmement fatigante la marche durant une journée entière, nous avions fini par nous y habituer à peu près. Le Chasseur allait en avant, son fils le suivait en dirigeant un attelage de chiens, et nous venions après en conduisant l’autre.

Au bout d’un jour et demi de marche, nous nous éloignâmes du chemin que La Ronde avait pris jadis et nous allâmes un peu plus vers l’ouest. Comme auparavant, le pays était entremêlé de bois, de lacs et de parties de prairies ouvertes, parsemées de collines et mal disposées pour les traîneaux. Le temps était devenu excessivement froid, plus dur que jamais. Malgré l’éclat des rayons du soleil et la pureté du ciel, il tombait de la neige fine comme de la poussière et semblable à de la rosée gelée. Nous portions trois ou quatre chemises de flanelle, une de molleton de laine, et un vêtement de cuir ; nos mains étaient enfoncées dans des mitaines, larges gants de peau d’élan, fourrés de molleton, sans doigts, et que leur ampleur permettait de retirer instantanément ; alors ils pendaient à une attache passée autour du col ; nos pieds enveloppés de bandes de molleton étaient chaussés d’énormes moccasins ; nos oreilles et nos cous étaient protégés par des colliers de fourrure : cependant c’était à peine si, en recourant à l’exercice le plus actif, nous réussissions à entretenir notre chaleur. Quand nous nous arrêtions pour camper, nous grelottions en allumant le feu.

Sur la barbe et les moustaches de Cheadle, le seul qui en eût parmi nous, l’humidité de la respiration, passant à travers les